Apprendre avec le Web en 2015

Résumé

« Plus le maître enseigne, moins l’élève apprend », citation du philosophe Comenius.

Cette citation du philosophe Comenius reflète le courant de pensée qui a menée à la naissance de nouveaux écosystèmes d’apprentissage.  Un écosystème est un environnement au service de l’entreprise apprenant permettant l’émergence de l’apprentissage. Il ne s’agit pas forcément d’une technologie comme des portails ou autres applications. Contrairement au modèle d’éducation et de formation  largement utilisé encore à l’heure actuelle, l’apprentissage est aujourd’hui plutôt considéré comme étant l’affaire de l’apprenant. L’enseignant a lui pour rôle de réduire les obstacles à l’apprentissage. Les nouveaux écosystèmes d’apprentissages ont pour vocation de donner aux apprenants plus d’autonomie et une nouvelle méthode pour apprendre. L’objectif est d’apprendre à apprendre et non d’apprendre à mémoriser le plus d’informations possibles. Pour ce faire on fournit aux apprenants un cheminement basé sur une approche scientifique pour stimuler l’apprenant en lui donnant des défis et de la liberté. De nouveaux outils tentent de s’inspirer de ces nouvelles tendances comme certains MOOCs ou autres applications et même des programmes de formations avec des philosophies différentes et des nouveaux usages.[1][2][3]

Plan

  • I-) Les nouveaux écosystèmes d’apprentissage
  • II-) La dimension sociale
  • III-) Les pratiques quotidiennes associées à développer
  • IV-)  Les outils et familles d’outils publics disponibles
  • Sources

I-) Les nouveaux écosystèmes d’apprentissage

Classiquement, l’école c’est un professeur qui parle et une multitude d’élèves qui écoutent et peuvent éventuellement interrompre l’instituteur pour poser des questions. Les élèves perfectionnent d’abord l’étude du cours à la maison, puis doivent faire des exercices afin d’en maîtriser concrètement le contenu et ses applications. Le professeur a un rôle de guide, il donne des « devoirs » à ses élèves et les punie ou les congratule selon leurs résultats. Il accompagne ses élèves dans la correction des exercices afin qu’ils puissent progresser.

Ça, c’est la méthode d’enseignement classique qui est utilisée depuis fort longtemps à l’école.

Cette forme d’enseignement semble remonter à des pratiques ancestrales. La relation entre «professeur» et «étudiant» fait echo à celle entre « maître » et « élève ». C’est d’ailleurs comme cela que les enfants de l’école primaire appellent leurs professeurs. Le professeur, à l’instar du maître, est le guide qui montre le chemin vers le savoir. Il faut dire qu’apprendre seul n’est pas chose aisée. Apprendre seul ? Peut-être avec un support. Des livres ? Encore faut-il trouver le livre pédagogique approprié pour réussir à le comprendre, avoir l’argent pour le payer et arriver également à se motiver pour étudier. Etudier comporte en effet une part non négligeable d’efforts sur soi, c’est un réel travail qui demande de l’abnégation et de la concentration. La faculté d’apprendre est innée mais savoir se discipliner pour apprendre, remettre en cause constamment ses représentations est quelque chose qui s’apprend. On apprend donc à apprendre. (cf chercheurs du laboratoire de Sciences Humaines et Sociales de l’Université de Lille 3 : « Si la capacité à apprendre est innée, car dans la nature du cerveau, le « savoir apprendre », qui favorise la réussite et mène à une véritable autonomie, est une compétence complexe qui nécessite d’acquérir une méthodologie d’apprentissage, et d’accepter de modifier ses représentations sur l’apprentissage, et parfois même ses représentations de soi. Tout apprentissage est une transformation profonde, il faut changer pour apprendre et on change en apprenant. »[4]

Comment le Web peut-il apporter un support pédagogique supplémentaire aux professeurs ? Il existe plusieurs modes d’enseignement (voir [5] partie B, quelques exemples : l’enseignement classique à l’école, l’enseignement à distance, l’auto-apprentissage…etc). Il y a plusieurs composantes à l’enseignement et l’apprentissage : matériau de base de l’enseignement, source d’information complémentaire, outils de calcul, enseignant, moniteur… (cf Illustration 1). La question est donc plus précisément : dans le cadre d’un certain mode d’enseignement, quelle composante de l’enseignement et l’apprentissage peut être remplie par le Web ?[5]

tie-intro-4

Composants de l’apprentissage. Source : http://tecfa.unige.ch/formcont/ecole-ete-tunis2001/tie/html/tie-intro/tie-intro-2.html

Le Web regorge de ressources dédiées à l’enseignement[5] :

– des supports de cours traditionnels

– des supports de cours pour la salle de classe (tableau interactif, visualisations…)

– possibilité de faire des visioconférences pour assister à des cours

– des vidéos de cours

– des plates-formes d’e-learning (tuteurs à distance, tout l’environnement de l’école à distance avec exercices, correction, cours, questions-réponses, forums avec les autres élèves…etc)

– des systèmes de gestions des cours et des exercices d’une classe classique via le Web

La plupart de ces outils d’apprentissage via le Web donne lieu à un changement de paradigme. Au lieu que le professeur soit au centre, dans sa position de « maître » dispensant ses enseignements à « l’élève » discipliné, l’élève apprend par lui-même, sans être seul ! Il est au centre d’un écosystème d’apprentissage au sein duquel il a accès à une multitude de supports d’enseignement, d’outils pour lui permettre de planifier son apprentissage, de s’y intéresser, et de limiter les efforts qu’il a à fournir pour les comprendre. Le professeur dans ce cadre n’est plus le guide mais plutôt le moniteur qui va accompagner l’élève dans son apprentissage personnel. La coopération entre les différents élèves est poussée à son paroxysme par l’implication des élèves dans leur travail. Les élèves deviennent acteur de leur apprentissage : ils ont la possibilité de créer eux-même du contenu d’apprentissage grâce aux systèmes de communication inhérents au Web 2.0 (forums, échanges, commentaires…etc). Ils apprivoisent ainsi leurs enseignements et deviennent à leur tour professeur pour les autres élèves.

II-) La dimension sociale

Les nouveaux écosystèmes d’apprentissage enrichissent le milieu de l’apprentissage classique qui a fait ses preuves pendant de nombreuses années. Ils créent une évolution au cadre social classique : professeur-élève.

Tout d’abord, l’évolution des représentations du savoir avec des ressources vidéo ou documentations officielles partagées sur le Web ou sur des espaces de formation tel que Moodle stimule la curiosité et l’attraction de l’apprenant. Ce dernier est poussé à un apprentissage plus autonome par de la documentation qu’un professeur peut lui proposer ou un autre élève. C’est ce que défend l’article pour l’adoption de Moodle à l’université du Burundi [6].

De plus, ils peuvent contribuer à une auto-formation avec les plateforme de e-learning et MOOC. Dans ce cas, l’apprenant suit une formation qu’il choisit et suivant les modalités peut être inscit à une classe virtuelle mais la communication face à face est complètement supprimé. L’apprenant étudie seul avec son ordinateur. Certes, il n’est pas coupé du monde social puisque ce genre de travaux lui proposent de collaborer avec d’autres élèves via les réseaux sociaux, les outils de partage de l’information. La dimension sociale via le numérique est amplifié puisqu’il peut partager de l’information avec beaucoup plus de personnes. Il peut également accéder à des formations qui ne lui aurait pas été possible dû à la localisation, le coût ou l’emploi du temps. Cela peut donc faciliter des formations professionnelles ou des remises à niveau.

Enfin, l’apprenant peut participer à la propagation du savoir en contribuant lui-même à la construction d’articles, de MOOCs ou autres possibilités. La connaissance est alors batie sur l’échange et la correction entre apprenants. Comme le souligne l’article des Echos [7] “il est proposé à l’individu d’être moins consommateur de stock de connaissances et plus engagé dans son propre devenir”.

III-) Les pratiques quotidiennes associées à développer

Une des grandes difficultés de l’apprentissage réside dans la discipline qu’il nécessite. Dans un schéma d’apprentissage classique (professeur – classe) l’assiduité est facilité par un emploi du temps strict. On demande la présence de l’élève un certain nombre d’heure par semaine dans la classe et on lui assigne un certain nombre de devoir qu’il s’engage à réaliser pour une date fixe.

Dans les nouvelles approches d’enseignement cette dimension est amenée à disparaitre. On ne force plus l’horaire de travail de l’apprenant. Il est tout de même primordiale que l’apprenant considère l’apprentissage comme une activité chronophage et qu’il se libère un certain nombre d’heure à lui accorder pendant la semaine, de préférence quotidiennement. Cela demande évidemment un engagement de l’apprenant qui peut rapidement devenir une corvée si il n’est pas réellement motivé. L’article [8] recommande donc de ne s’inscrire qu’aux cours qui nous intéresse réellement en se fixant un but à atteindre. Il recommande également de participer activement aux cours en échangeant des informations avec ses pairs. Tout comme les articles [9] et [10]. D’après une étude citée par [10] l’échange avec les pairs permettrait de retenir environ 50% des informations alors que le fait d’écouter ou de lire passivement les informations ne permettrait de n’en retenir de 10%. C’est pourquoi il est généralement recommandé de privilégier le plus de canaux de communication possible, les moins formels étant jugé comme les plus efficaces. Il est également recommandé d’avoir une structure bien définie au sein du cours, facilitant cet échange d’informations. On notera également que les réseaux sociaux sont à considéré avec vigilance. Même si il peut être plus simple d’échanger des informations sur Facebook ou Twitter, cela peut également engendrer des distractions et déconcentrer l’apprenant pendant son temps de travail.

Enfin il est important de responsabiliser les apprenants en leur laissant le choix sur le degré d’implication et d’approfondissement à fournir sur un sujet.

IV-) Les outils et familles d’outils publics disponibles

On peut diviser les outils disponibles permettant d’avoir accès à l’apprentissage par le web suivant différentes catégories :

  • Diffusion statique de contenu + commentaires possibles : blogs divers, CommentCaMarche.net, W3School.com, OpenClassroom.com, Développez.com
  • Diffusion collaborative de contenu : wikipedia.org, marmiton.fr
  • Chats/Forum : réseaux sociaux, StackOverflow.com, Skype
  • Jeux d’apprentissage : Serious games, applications mobiles (ex : apprendre capitales, drapeaux)
  • Partage d’information / travail en collaboration : Google Drive, Dropbox,
  • Plateformes d’e-learning : Udacity.com, Moodle, Wims , MOOC…

Sources :

[1] http://www.internetactu.net/2014/01/21/comment-apprendre-a-apprendre/

[2] http://www.debatformation.fr/idees-formation/l%E2%80%99apprentissage-comme-ecosysteme

[3] http://www.crossknowledge.com/fr_FR/elearning/media-center/news/atsou-hrspeak.html

[4] http://crl.univ-lille3.fr/apprendre/sommaire.html

[5] http://tecfa.unige.ch/formcont/ecole-ete-tunis2001/tie/html/tie-intro/tie-intro-2.html

[6] http://www.ub.edu.bi/index.php?option=com_content&view=article&id=187:ub&catid=38:nouvelles

[7] http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-85618-de-lenrichissement-du-stage-a-lecosysteme-dapprentissage-1000520.php#

[8] http://www.usine-digitale.fr/article/4-conseils-pour-aller-jusqu-au-bout-de-son-mooc.N276509

[9] http://www.riversoftware.com/helpful-resources/blog/item/297-best-practices-for-purposeful-social-learning

[10] http://elearningindustry.com/social-learning-best-practices-for-the-workplace

 

Auteurs

Geoffroy Clauss

Nicolas Gimenez

Maxime Lanave

Anne Mesnil

Ce contenu a été publié dans Articles, Web Social, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *