Apprendre avec le Web 2.0

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Questions de départ

Quels sont ces nouveaux écosystèmes de l’apprentissage ? Quelles en sont les dimensions sociales ? Quelles sont les pratiques quotidiennes associées que vous allez devoir développer ? Que vous avez déjà développé ? Quels outils sont disponibles pour vous accompagner ? Quels sites vous semblent être des ressources pertinentes ?

Problématique

Comment passer des méthodes d’apprentissage classique aux outils du Web 2.0 ?

Introduction

Le passage du Web 1.0 au Web 2.0 est marqué par la position et le rôle des internautes : ils passent de simples utilisateurs à des créateurs de contenu. Les outils offerts par le Web 2.0 sont nombreux et variés. Ainsi, du point de vue de l’apprentissage et de l’enseignement le Web 2.0 offre de nouvelles possibilités à tous, ouvrant des horizons divers. Les nouveaux outils disponibles changent alors les manières d’apprendre : les étudiants doivent donc développer de bonnes pratiques pour s’adapter à ces méthodes qui divergent des méthodes d’enseignement traditionnelles.

I/ Présentation générale des outils

Nouveaux outils : 9 catégories

De nombreux outils ont été développés dans le cadre du Web 2.0. Certains sont complémentaires, d’autres se recoupent, et un grand nombre peut aider à apprendre dans une certaine mesure. Il est possible de classer les outils permettant d’apprendre avec le Web 2.0 en neuf grandes catégories qui sont représentées sur la figure 1 ci-dessous, comprenant quelques exemples par catégorie.

Outils

Figure 1 : Apprendre avec le Web 2.0 – Outils

Une première catégorie d’outils, composée majoritairement de sites web, offre la possibilité aux utilisateurs d’accéder à des ressources. Ces ressources peuvent être textuelles (articles de blog) ou multimédia (vidéos YouTubes). Un exemple d’outil de cette catégorie est TED. TED est un site web qui rassemble une série de conférences internationales sur des sujets variés. Les utilisateurs ont alors accès à de nombreuses vidéos leur fournissant des informations diverses.

D’autres outils facilitent la veille informationnelle et permettent aux utilisateurs de se tenir informés des nouveautés selon leurs centres d’intérêt tels que la programmation ou la photographie par exemple. Dans cette catégorie, on peut trouver Diigo, un site web de partage de signets qui permet de partager des pages web et d’y ajouter des annotations.

Une troisième catégorie rassemble les outils de communication. Ces outils permettent aux usagers d’échanger de façon instantanée ou non. Skype par exemple est un logiciel qui permet de passer des appels téléphoniques ou vidéos, facilitant la communication entre utilisateurs par le Web.

D’autres outils aident les utilisateurs à s’organiser, au sein d’un projet par exemple. C’est le cas de Trello, un outil de gestion de projet qui représente les tâches à effectuer sous forme de cartes que les utilisateurs peuvent assigner et déplacer en fonction de son statut et son évolution.

Les exerciseurs sont des sites ou applications permettant à l’utilisateur de faire des exercices de façon interactive. On retrouve dans cette catégorie Code School, un site web d’apprentissage de programmation qui combine la mécanique de jeu avec l’instruction de la vidéo dans le navigateur.

Une autre catégorie rassemble les outils de stockage tels que Dropbox. Cet outil permet aux utilisateurs de créer un dossier spécial sur leurs ordinateurs qui sera synchronisé sur le Cloud. Les fichiers placés dans ce dossier sont également accessibles via le site web de Dropbox et les applications mobiles.

D’autres outils facilitent le partage des informations. Par exemple, Slack est un outil de collaboration permettant de partager des liens, du texte ou des images entre membres d’un même groupe. Notons que Slack peut également être utilisé comme méthode de communication.

Certains outils aident à l’organisation de la production collaborative. C’est le cas de GitHub, un service web d’hébergement et de gestion de développement de projets utilisant le logiciel de gestion de versions Git.

Finalement, certains outils offrent la possibilité de publier des informations et ressources. Ces outils offrent la possibilité aux utilisateurs d’ajouter du contenu au Web. C’est le cas des blogs, dans lesquels les utilisateurs peuvent écrire des articles sur des sujets très variés.

II/ Comparaison avec les méthodes classiques

Ces nombreux outils peuvent être utilisés comme complément des méthodes d’apprentissage classiques, un professeur faisant cours à une classe d’étudiants, voire comme substitut. Ainsi, de nouvelles manières d’apprendre naissent de l’évolution du Web : l’apprentissage à l’aide des outils du Web 2.0 est accessible, individualisé et basé sur les connaissances de l’étudiant.

Apprentissage individuel

L’article écrit par l’association Outils-Réseaux [ASS13] décrit un “environnement d’apprentissage personnel” en parlant d’environnement d’apprentissage utilisant les technologies du Web 2.0. L’apprenant, seul devant son ordinateur, est libre de ses heures et de son rythme. Il peut personnaliser son espace de travail. Si un élément n’est pas compris l’apprenant est libre d’y revenir autant de fois qu’il le souhaite. Alors qu’en classe, un professeur devra avancer au rythme de l’entité qu’est la classe.

Cependant, l’utilisation du Web 2.0 pour l’apprentissage ne signifie pas que l’apprenant est complètement coupé d’une relation professeur/apprenant. D’après l’article [AN16] cela permet aux enseignants et apprenants d’échanger des idées et d’apprendre à travailler autrement ensemble. Les forums par exemple permettent d’échanger sur des notions mal comprises et l’enseignant ou créateur du cours n’est pas le seul à pouvoir répondre. Les apprenants peuvent également se venir en aide entre eux et ainsi affirmer leur compréhension du sujet en le reformulant avec leurs propres mots.

La personnalisation de l’espace de travail de l’apprenant permet une adaptation au niveau de l’étudiant en lui proposant un parcours personnel selon ses connaissances acquises.

Arbre de connaissances

Dans la partie exercice de Khan Academy, site web publiant de très nombreuses mini-leçons gratuites, un cadre de la connaissance de l’étudiant est présenté, tel que sur la figure 2 ci-dessous. Le cadre indique clairement le lien entre les points de connaissances que possède ou peut acquérir l’étudiant. Ainsi’, l’exercice suivant à réaliser est déduit des connaissances acquises.

CaptureFigure 2 : Exemple d’arbre de connaissances – Khan Academy

L’arbre de connaissance s’appuie sur le concept de vidéo d’enseignement pour guider le processus d’apprentissage. L’utilisateur fait des exercices évalués avec le sentiment de progresser. L’arbre de connaissance visualise la progression de l’utilisateur et l’aide à construire son plan personnalisé [GUI11].

Certains cours en ligne proposent des ressources statiques sans contact avec les utilisateurs quelque soit leurs natures (vidéo, audio, animation, texte, etc.). L’utilisateur abandonne souvent les cours s’il n’est pas guidé. La plupart des cours en ligne proposent des façons de visualiser et de hiérarchiser toutes les activités de l’utilisateur. De plus, un tel arbre peut rendre l’apprentissage plus ludique, en encourageant l’étudiant qui a une vue globale des connaissances qu’il peut acquérir à compléter l’ensemble des leçons.

Accessibilité

Les méthodes d’apprentissage offertes par le Web 2.0 sont facilement accessibles à tous. Tout d’abord, la plupart des cours en ligne sont peu chers voire gratuits. Ainsi il suffit d’avoir un ordinateur connecté à Internet pour y avoir accès. De plus, un grand nombre de cours est ouvert à tous, diplômé ou non. Pour ces différentes raisons, les méthodes d’apprentissage du Web 2.0 sont plus accessibles que les méthodes d’enseignement classique, où l’on retrouve une classe d’étudiants face à un enseignant.

III/ Pratiques à développer

Comme nous l’avons vu dans la partie précédente, l’apprentissage grâce au Web 2.0 diffère des méthodes classiques. C’est pourquoi il est nécessaire de définir et développer des bonnes pratiques à appliquer pour rendre l’apprentissage plus efficace.

Formation aux outils du Web 2.0

Certains outils sont connus de la plupart et font partis du quotidien de la majorité. On peut citer par exemple : Twitter pour la communication, Wikipédia comme moyen d’accéder à des ressources, ou Google Drive pour le partage de document. Ces grands outils ont souvent été découvert dans un contexte privé. L’utilisateur sachant s’en servir, il n’a pas forcément besoin de formation à ces outils. C’est un des aspects positifs de ces outils : tous ne nécessitent pas une formation importante.

Des outils moins connus comme Slack et Trello doivent être pris en main. Cette prise en main peut être rapide pour des outils simples mais il faut apprendre à les utiliser.

D’autres outils enfin comme Git ou Svn nécessitent une formation plus longue à leur utilisation. Cette formation peut être dispensée par un professeur mais aussi par des tutoriels issus eux-mêmes du Web 2.0.

L’article [LEP15] présente les résultats d’un questionnaire qui visait à recueillir les pratiques d’enseignant chercheurs en matière d’utilisation d’outils du Web 2.0. Il ressort que ces derniers ont un besoin de formation. Mais les membres d’équipes de recherche ne ressentent pas forcément le besoin de se former aux outils qu’ils ne connaissent pas qui pourtant pourraient les aider d’avantage. Les auteurs de l’article parlent alors de mettre en place des formes de “techniques de séduction” pour inciter les enseignants à s’intéresser aux outils qui leur sont inconnus.

Grande diversité des outils : comment choisir ?

Comme présenté dans la première partie, il existe une très grande variété d’outils du Web 2.0 facilitant l’apprentissage. Certains de ces outils ont des objectifs similaires ou utilisent des méthodes semblables. Prenons un exemple simple : apprendre à programmer. Une recherche des outils existants permet de trouver de nombreux sites et applications web proposant des cours de développement [LAF15]. Nous retrouvons par exemple OpenClassrooms, une plate-forme de MOOC, ou Codecademy, un exerciseur proposant des entraînements interactives.

Ainsi, s’intéresser à ces nouveaux outils ne suffit généralement pas, il faut ensuite choisir l’outil. Mais comment comparer et sélectionner l’outil le mieux adapté à ses besoins ? Il existe bien sûr des critères simples tels que le coût, la durée ou la flexibilité, mais qui ne suffisent pas toujours. Ces nouvelles manières d’apprendre doivent alors s’accompagner de l’apprentissage d’une bonne utilisation du Web 2.0.

[PLA12] propose une méthodologie a suivre afin d’organiser son Personal Learning Environnement (PLE) ou environnement personnel de travail. Les auteurs conseillent dans un premier temps d’analyser son besoin, puis de chercher des outils qui répondent à ce besoin (avec des fonctions nécessaires, bonne à avoir et optionnelles) avant de sélectionner celui qui d’après votre analyse multicritères est le meilleur. Il faut enfin tester l’outil sélectionné sur un cas réel et voir s’il nous convient ou pas. Une personne conseillère peut nous permettre de gagner du temps dans ce choix, mais cette méthode est un moyen sûr de faire le tri entre toutes les solutions du web 2.0.

Assiduité

Sous l’ère du Web 2.0, les ressources sont facilement accessibles et les outils d’apprentissage nombreux. Une fois l’outil choisi, l’étudiant doit alors faire face à un autre problème : l’organisation et l’assiduité. En effet, contrairement à l’enseignement classique ou les élèves ont des cours planifiés avec les professeurs, suivre un cours en ligne, quelque soit la méthode, demande de la régularité et de la motivation de la part de l’étudiant. Il est certes libre de ses heures et de son rythme, mais doit s’organiser de façon à réaliser le travail demandé de façon régulière.

Le faible taux de l’assiduité et le haut taux d’abonnement sont un problème pour tous les cours en ligne. MOOC, Khan Academy et d’autres institutions proposent des méthodes variées pour encourager les intérêts des étudiants : visualisation du progrès, exercice personnalisé, etc. La remise de certificat après la validation de cours augmente également le taux d’assiduité.

Conclusion

Le Web 2.0 est une mine composée de nombreuses ressources très différentes les unes des autres mais qui permettent d’apprendre. Ces outils permettent de s’éloigner d’une formation classique dans une salle de cours avec un professeur par un apprentissage individuel adapté et plus accessible. Cela donne une liberté à l’apprenant qui peut avoir des problèmes d’assiduité même si des méthodes existent pour encourager la constance dans le travail. Enfin il faut pouvoir sélectionner parmi la multitude d’outils existants les quelque uns qui répondent à nos besoins puis s’y former afin d’apprendre dans les meilleures conditions possibles.

Chloé BROUZES
Anne-Gabrielle CAROFF
Jue WANG
Quancheng ZHAO

Bibliographie

[AN16] Yun-Jo An, Ph.D. is Assistant Professor of Instructional Technology at Texas A&M University – Texarkana : Teaching with Web 2.0 Technologies : Benefits, Barriers and Lessons Learned. Disponible sur : http://www.itdl.org/Journal/Mar_10/article04.htm. Consulté le 02/02/2016

[ASS13] Association Outils-Réseaux. 08/07/2013. Formateur 2.0 : une nouvelle manière de faire de la formation. Disponible sur : http://outils-reseaux.org/ContenuFormateur2point0. Consulté le 02/02/2016

[GUI11] Hubert Guillaud, internetactu.net. 01/07/11. Peut-on apprendre en ligne ? Disponible sur : http://www.internetactu.net/2011/07/01/peut-on-apprendre-en-ligne/. Consulté le 02/02/2016

[LAF15] La Fabrique du net. 07/07/2015. Top 10 des meilleurs sites pour apprendre à coder. Disponible sur : http://www.lafabriquedunet.fr/blog/apprendre-a-coder-top-10/. Consulté le 02/02/2016

[LEP15] Mario Lepage, Louise Sauvé, Patrick Plante et Lise Renaud. Nouveaux c@hiers de la recherche en éducation, vol. 18, n° 1, 2015, p. 87-113. Analyse de besoins sur l’utilisation des outils Web 2.0  : éléments essentiels pour la communication dans les équipes de recherche universitaire. Disponible sur : http://id.erudit.org/iderudit/1033731ar. Consulté le 02/02/2016

[PLA12] Hervé Platteaux, Sergio Hoein, Maud Foerster, Johann Luethi. Centre NTE. Université de Fribourg 2012. Découvrir et choisir des outils informatiques pour les études Disponible sur :

https://ple-connect.unige.ch/wp-content/uploads/2014/02/1359379812-Fiche_Vos_TICE_vSA2012Unifr.pdf Consulté le 04/02/2016

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