Peut on tout apprendre sur le web ?

Le web 2.0 permet un accès à l’information sans précédent. Un nombre important de ressources existe et ne cesse de croître. De Wikipédia aux cours particuliers sur Skype en passant par Khan Academy; du gratuit au payant; des conférences de prix nobels au tutoriaux baclés, comment se retrouver dans cette nouvelle jungle ?

Très vogue depuis quelques année, le e-learning ne propose de révolutionner notre façon d’apprendre. Mais peut-on vraiment tout apprendre sur le web ?

 

Parlons pédagogie

 

Pour espérer remplacer ou au moins compléter l’éducation “traditionnelle”, il faut d’abord en comprendre les piliers; et comprendre s’ils sont transposables dans l’univers digital.

On distingue quatre méthodes pédagogique.

 

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Différents avantages et inconvénient des méthodes pédagogiques

La méthode Expositive correspond à la vision classique du cours magistral. Fondement du monde académique pour des raisons pratiques, elle est très facile à reproduire sur Internet. Un simple caméra suffit à rediffuser un cours magistral avec pratiquement aucune perte d’information pour l’apprenant. Au contraire, l’apprenant peut facilement rembobiner et réécouter tout ou une partie du cour comme il le souhaite; à son propre rythme (plus lent, plus rapide ou même beaucoup plus rapide pour certains orateurs). S’il existe plusieurs exposés sur le même sujet, l’apprenant peut décider de celui qui lui correspond le mieux. Pourquoi rester coincé avec un “mauvais” prof alors que l’on peut changer d’un clic? L’avantage semble évident. Pour le professeur dont le but est d’apprendre au plus grand nombre, un seul enregistrement permet de toucher un nombre important et croissant d’élèves. Enfin, dernier caractéristique; mais à double tranchant cette fois ci : l’élève est flexible sur ses horaires d’apprentissage. Si cela peut permettre une meilleure organisation du travail, cela nécessite plus d’autonomie de la part de l’éleve.

 

La méthode interrogative correspond à un professeur posant des questions pour faire réfléchir ses élèves. Dans le cadre de cours structrés sur Internet, la machine peut partiellement remplacer le professeur en posant des questions sous forme de quizz noté. Le professeur garde ici un avantage d’adaptabilité; si les questions sont trop faciles, il peut dynamiquement en changer pour s’adapter au niveau des apprenant. Evidemment des quizz évolutifs sont envisageables sur internet mais à notre connaissance peu développés aujourd’hui.

 

La méthode démonstrative consiste comme son nom l’indique à montrer à un apprenant un savoir faire. C’est par exemple le cas pour les séances collectives d’exercice d’application. Ici, Internet a un avantage par la pluralités des sources : présenter un même savoir faire sous plusieurs angles par plusieurs professeurs peut être très instructif pour les élèves. Mais à nouveau l’absence de correspondant physique direct rejette sur l’élève le devoir de chercher d’autres explications s’il ne comprend pas. Impossible interrompre pour demander des précisions.

 

Enfin, la méthode active incite les élèves à mener d’eux même un projet en groupe pour comprendre les concepts et les enjeux d’un domaine. Il est possible d’envisager que ce type d’apprentissage se fasse en ligne (c’est le cas dans certains moocs comme par exemple pour le cours “Fondamentaux pour le big data” de l’Institut Mines Télécom sur la plateforme France Université numérique qui propose un projet et un forum pour que les élèves partagent leurs approches et en débattent). Néanmoins, à l’exception de résoudre les problèmes géographiques, internet n’apporte que peu d’avantages par rapport à un groupe physique comme cela se fait régulièrement ici à Télécom Bretagne. Le fait d’être dans la même pièce, de communiquer à haute voix et de confronter ses idées directement semble un très net avantage pour ce type de pédagogie.

 

Les technologies du web permettent donc en particulier de résoudres des contraintes de temps et d’espace, donnant plus de libertés à l’apprenant. Elles l’obligent en revanche à plus d’autonomie car il ne peut pas facilement questionner l’intervenant. Si ces problèmes peuvent souvent avoir peu de répercussion pour une personne motivée et à l’aise avec les outils de recherches, elle peut être peu efficace pour des élèves désintéressés, très jeunes ou les illetrés numériques.

 

Malgré quelques différences, une partie au moins de la pédagogie semble transposable à Internet. Il n’est donc pas surprenant que de nombreuses institutions académiques se lancent dedans. Il y a également de nouveaux acteurs, non issus du milieu pédagogique qui proposent eux aussi des ressources pour apprendre (Internet, tout y est!). Découvrons quelques exemples phares.

 

MOOCs, un océan de ressources: de la frontière avec l’académie au monde totalement virtuel

Une grande partie des cours magistraux peut être remplacée par des cours en vidéo,  puisque l’élève accepte les connaissance de manière « passive ». L’académie classique préparent donc des cours en vidéo et les mettent en ligne.

Par exemple, sur Youtube, il existe des cours excellents fait par des etablissements academiques:

–   MIT OpenCourseWare propose des cours de théories en Physiques, Mathématique, Algorithme etc.

–  Université Harvard propose des cours d’Humanité, Science, Informatique.

 

Khan Academy

En outre de ces chaines Youtube, la Khan Academy est une plateforme d’apprentissage intelligente qui permet aux élèves d’apprendre à leur rythme, elle propose non seulement des vidéos, mais aussi des exercices. Par exemple, en mathématiques, le programme va de la maternelle à la faculté, et la plateforme guide les élèves en utilisant des algorithmes adaptatifs à la pointe de la technologie, qui identifie les forces et les lacunes de chacun.

 

Croissance d’utilisation de cours en ligne

Chaque année depuis 2003, le nombre d’étudiants ayant suivi au moins un cours en ligne a augmenté à un rythme supérieur à celui du nombre d’etudiants d’organisation de l’education superieure. Depuis 2009, le taux de croissance des inscriptions en ligne devient de plus en plus faible et stable.

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Avantages et inconvévients

Comparé avec des cours classiques, les cours en ligne nous permet de retourner en arrière pour refaire  plusieurs fois les parties difficiles à comprendre. Les élèves apprennent en leurs propres rythmes. De plus, une fois que les contenus sont crées, ils peuvent être utilisés dans n’importe où et en n’importe quand. Cependant, il est impossible d’interagir et discuter avec le prof d’apprendre en regardant des cours vidéos. De plus, les contenus en anglais sont plus enrichit que en autre langues.

Beaucoup de domaines très représentés

  1. Programmation
  2. Ingénerie
  3. Biologie
  4. Finance
  5. Management
  6. Droit
  7. Langue
  8. Philosophy
  9. Psychologie

Que manque-t-il ?

Accessiblité garantie

Les formations en ligne nécessitent une connexion à l’internet. Or, tout le monde n’a pas access à l’internet. En effet, seulement 42% de la population mondiale dispose d’une connexion à l’internet.

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Pourcentage des foyers ayant accès à internet en fonction des continents dans le monde en 2015

Expérience pratique

Il est difficile de mettre en place des cours de pratique en ligne, et parfois totalement impossible. Cependant, ce sont des parties essentielles pour certaines formations. Par exemple il est difficile d’imaginer qu’un futur chirurgien aprenne à opérer en regardant des vidéos sur youtube. Les débats pour les futurs avocats bien que théoriquement réalisables sur Skype sont également peu adaptés au format en ligne. La pratique orale d’une langue est cruciale pour son apprentissage; et pour beaucoup d’élèves, les solutions disponibles sur Internet ne peuvent remplacer un environnement de discussion en classe.

Savoir quoi apprendre

Un professeur connait souvent très bien le domaine qu’il enseigne. Ainsi il est capable de choisir les contenus à enseigner pour une matière en fonction de la pédagogie.

Mais ce n’est pas forcément le cas lorsque l’on souhaite se former en ligne. Sans le guide d’un tel professeur, les étudiants sont souvent perdus en face de nombreux cours trouvés pour un sujet spécifique. Par conséquent, un étudiant peut abandonner un cours après y avoir consacré beaucoup de temps car il s’est rendu compte plus tard que ce cours n’est pas bien organisé. Une partie importante de la formation en ligne est donc le partage de ressources de qualité pour faire ressortir les bons contenus et disparaitre les cours médiocres. Apprendre à trouver du contenu de qualité est donc un pré requis à l’autoformation sur Internet.

Travail de groupe

Le nombre d’étudiant suivant une information simultanément peut atteindre des milliers. De plus, l’avancement de chacun est différent. Comme les étudiants ne se connaissent pas et leurs horaires de travail sont très différents, il est pas encore facile de mettre en oeuvre des travaux en groupe. De plus, malgré la popularité croissante du télétravail, une majorité d’individus devra apprendre à collaborer “en chair et en os”. Ce type de capacités, extrèment importantes dans le monde réél est presque impossible à acquérir devant un écran d’ordinateur (un fait parfois observable ici à Télécom Bretagne).

Pédagogie active

“l’apprentissage expérientiel” est une partie très importante dans une formation parce qu’il permet aux étudiants d’appliquer et faire évoluer leurs compétences dans des situations tirées de la réalité. Pour cela, il faut s’appuyer sur certaines méthodes notamment les exercices multiples, les études de cas, les jeux de simulation et les jeux de rôles. Or, il est très difficile de mettre en place tous ces méthode dans les formation en ligne. Non que ce soit impossible mais contrairement aux cours magistraux, Internet n’apporte pas ici d’économies d’échelle mais au contraire introduit de nouvelles contraintes.

 

Apprendre pour un meilleur avenir

S’il est très glorieux de vouloir apprendre pour la connaissance et l’accomplissement personnel, un des buts majeurs de l’enseignement traditionnel est l’obtention de diplômes reconnus pour trouver du travail. C’est ici que l’enseignement en ligne reste encore bien en retard par rapport à l’académie. Le processus d’obtention de certifications est d’abord beaucoup moins démocratique puisqu’il faut en général payer l’organisateur du Mooc. Lutter contre la fraude et donner de la valeur à un examen en ligne est une tache difficile et onéreuse. L’obtention d’un certificat de Mooc peut définitivement être un plus sur un CV mais ne remplace pour l’instant en aucune façon une formation traditionnelle. La transition de l’enseignement classique vers le tout Internet a besoin d’un changement de paradigme au sein de la société avant de pouvoir réellement compter.

 

Pour certaines formes de cours et certains sujets (cours magistraux, programation…) l’avantage d’internet est indéniable; et l’enseignement traditionel n’a ici plus de place. Dans d’autres domaines ou la pratique nécessite plus de moyens, il y a beaucoup de chemin à faire avant de transitionner vers le tout numérique.

 

D’ici là, c’est surtout comme complément aux cours classiques qu’Internet est un outils primordial. Nous avons même du mal à imaginer comment nos camarades apprenaient pour les mêmes partiels ne serait-ce qu’il y a 15 ans. Combiner la présence d’un professeur disponible pour guider, orienter les élèves et les faire pratiquer leur connaissance avec la liberté d’apprentissage que procure Internet semble une recette optimale.

 

Certains enseignants peuvent se sentir inquiet face à cette nouvelle concurrence. Comment continuer d’attirer des élèves à ses cours lorsque chacun à accès à une quantité presque infinie de ressources ? Internet oblige les distillateurs de connaissance à se mesurer aux meilleurs en créant une situation de concurrence presque parfaite entre les cours : l’utilisateur est toujours à un clic de quitter votre cours. Mais en réalité, ces nouvelles technologies ne font que remettre l’accent sur le but réel et fondamental d’un enseignant : transmettre sa motivation pour son sujet, faire prendre à l’élève conscience de ses capacités et le pointer vers la direction de la réussite. Le modèle du coffre fort d’informations gardés distribuées au compte goutte est dépassé : on ne vient plus chercher cette goutte d’information mais il faut apprendre à naviguer l’océan de connaissance et découvrir vers quels horizons on souhaite hisser les voiles.

Bibliographie

  1. « MIT OpenCourseWare – YouTube. » 2014. 2 Feb. 2016 <https://www.youtube.com/user/MIT/playlists>
  2. « Harvard University – YouTube. » 2005. 2 Feb. 2016 <https://www.youtube.com/user/Harvard>
  3. « Khan Academy. » 2012. 2 Feb. 2016 <https://www.khanacademy.org/>
  4. « Grade Level: – Babson Survey Research Group. » 2015. 2 Feb. 2016 <http://www.onlinelearningsurvey.com/reports/gradelevel.pdf>
  5. « L’accessibilité aux MOOCs | MOOC. » 2015. 2 Feb. 2016 <http://controverses.ensmp.fr/public/promo14/promo14_G9/www.controverses-minesparistech-2.fr/_groupe9/quel-public-pour-les-moocs/laccessibilite-aux-moocs/index.html>

 

 

Yasser ROUGUI
Alexandre PASCAULT
Zhichuan JIN
Haoyue CHEN
Yuancheng PENG

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